Cinélégende

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souviens-toi : chemins de mémoire

Apollon et Mnémosyne, entourés des neuf muses
Galerie de la Villa Albani-Torlonia, Rome

Cinélégende, au cours de son dernier cycle, a parlé de voyage, des voyages qui nécessairement mènent quelque part. Pourquoi ne pas faire maintenant machine arrière, et remonter vers le passé en empruntant les chemins de la mémoire ? La recherche de l'Eden nous avait déjà conduits vers la nostalgie du Paradis terrestre des origines. Peut-être une certaine perte de foi dans le progrès nous incite-t-elle désormais à nous retourner, non sans regrets, vers nos souvenirs ?

Une telle régression n'en est pas moins féconde. La moire, en effet, s'affirme comme la mère du moi, celle-là même qui le porte en son sein et qui engendre notre personnalité. Si le corps de l'homme, à l'origine, fut pétri dans la glaise, il est certain que c'est dans la mémoire que fut forgée son âme, son identité, notre intimité. Et Mnémosyne, la déesse de la Mémoire qui conçut les mots et le langage, n'est-elle pas aussi la mère des muses, inspiratrices de toute nouvelle création ?

La mémoire s'affirme comme cet indispensable terreau nourricier d'où tout, bonne ou mauvaise herbe, procède. Grâce à elle, le passé remémoré - la masse des souvenirs qui, au fil des ans, se déposent dans le cerveau et imprègnent tous les organes - se transmute en réalité du présent.

Depuis Platon, qui y voyait la réminiscence des idées contemplées dans des vies antérieures, jusqu'à l'observation méticuleuse de l'activité des neurones et synapses, la mémoire reste, en fin de compte, une réalité indéfinissable, pour ainsi dire aussi difficile à cerner que la conscience qui lui est consubstantielle, que la nature du temps ou que la simple existence de Dieu. Un véritable mystère. Voltaire y voyait "le seul instrument par lequel nous puissions joindre deux idées et deux mots ensemble". Elle est indispensable au fonctionnement de la pensée et constitue le fondement de notre personnalité," ce qui nous permet de vivre dans la continuité de notre moi, ce qui fait que notre existence consciente est bien la nôtre et pas celle de n'importe qui", comme l'écrivent Jean-Yves et Marc Tadié dans Le Sens de la mémoire. C'est elle également qui donne son sens à l'Histoire, qui permet de construire l'avenir à la lumière de l'expérience héritée du passé.

L'écriture a permis de conserver une trace matérielle de cette mémoire. A plus forte raison le cinéma qui en réactualise à volonté l'image et le son. Récit d'une vie ou témoignage d'une époque, tout film raconte nécessairement une histoire du passé, ne serait-ce que celle du moment d'un tournage qui se trouve ainsi immortalisé. Reste à savoir ce qui, dans un film, peut être qualifié d'"inspiré d'une histoire vraie" ou de pure affabulation..

Lorsque l'on s'interroge sur la mémoire, et que l'on recherche des titres de films à ce sujet, ce sont curieusement des films sur l'amnésie que l'on trouve. Il semblerait qu'au cinéma il faille dramatiser et que, comme dans la recherche scientifique, c'est souvent par son contraire, par ses troubles que l'on peut appréhender cette fonction. Ce dont rend compte ce cycle de Cinélegende où il sera successivement question d'une mémoire honteuse, d'une mémoire secrète, d'une mémoire dérangeante et d'une mémoire perturbée.

Alexander Fehling dans Le Labyrinthe du silence de Giulio Ricciarelli


 

programme

Mémoire enfouie
(dans le cadre de la Fête de la Science)
- mercredi 27 septembre, 14h, au J, Angers connectée jeunesse : Cinéma, webdocumentaire et devoir de mémoire, en participation avec l'Atelier Canopé de Maine-et-Loire
- jeudi 12 octobre, 20h, à l'Institut Municipal : Incertitude de la mémoire. Projection du documentaire Je me souviens, donc je me trompe de Raphaël Hitier, avec l'intervention du Dr Jean Barré, du Centre Mémoire de Ressources et de Recherche du CHU d'Angers
- vendredi 13 octobre, 19h, au Comptoir des livres : Soirée-contesA la recherche des souvenirs perdus, balade aventureuse dans les couloirs du Temps, avec Sylvie de Berg
- mardi 17 octobre, 20h15, aux 400 Coups : Le Labyrinthe du silence de Giulio Ricciarelli (Allemagne, 2014)
- jeudi 19 octobre, 18h30, à l'Institut Municipal : Mémoire collective - Mythe et réalité, conférence de Geoffrey Ratouis
- vendredi 20 octobre, 20h, à La Marge : atelier d'écriture La Nostalgie des objets, avec Véronique Vary, de l'association Passez-moi l'expression !
- mardi 24 octobre, 13h30, aux 400 Coups : Vice-versa de Pete Docter (USA, 2015) 

Mémoire d'une vie
- mardi 12 décembre, 19h45, aux 400 Coups :  Fais de beaux rêves de Marco Bellocchio (Italie, 2016)
- mercredi 13 décembre, 15h30, à la maison de quartier Angers Centre : goûter-contes avec Sylvie de Berg
- jeudi 14 décembre, 18h30, à l'Institut Municipal : L'encre de la mémoire ou l'auto-légende, conférence de Geoffrey Ratouis
- vendredi 15 décembre, à la Cité des Associations : Histoire d'un secret de Mariana Otero (France, 2003)
- vendredi 22 décembre, 20h, à La Marge : atelier d'écriture Mes ancêtres, avec Schéhérazade (Véronique Vary)
- jeudi 28 décembre, 13h15, aux 400 Coups :  Hugo Cabret  de Martin Scorsese (USA, 2011)

Mémoire résurgente
- mardi 20 février, 20h15, aux 400 Coups :  Frantz  de François Ozon (France, Allemagne, 2016) 
- jeudi 22 février, 18h30, à l'Institut Municipal : Les fantômes de la mémoire, conférence de Geoffrey Ratouis
- vendredi 23 février, 20h, à La Marge : atelier d'écriture Ecrire et réécrire l'Histoire, avec Schéhérazade (Véronique Vary)
- mardi 27 février, 13h15, aux 400 Coups :   Le Jour des corneilles de Jean-Christophe Dessaint (France, 2011)

Mémoire perturbée
- mardi 17 avril, 20h15, aux 400 Coups :   9 mois ferme de Albert Dupontel (France, 2012)
- jeudi 19 avril, 18h30, à l'Institut Municipal : Les méandres de la mémoire, conférence de Geoffrey Ratouis
- vendredi 20 avril, 20h, à La Marge : atelier d'écriture La petite madeleine de Proust, avec Schéhérazade (Véronique Vary)
- vendredi 27 avril, 13h15, aux 400 Coups :  Lettre à Momo de Hiroyuki Okiura (Japon, 2011)