Cinélégende

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le mythe americain

Carte blanche à Lauric Guillaud, professeur au département d'anglais de l'Université d'Angers, auteur de livres sur la littérature et l'imaginaire américains, directeur du CERLI (Centre d'Etudes et de Recherches sur les Littératures de l'Imaginaire).

Programmation réalisée avec la participation du CRILA (Centre de Recherche Interdisciplinaire en Langue Anglaise)

L’Amérique a longtemps été et reste une usine à fantasmes.

Depuis la découverte du Nouveau Monde et la Naissance d’une nation, jusqu’au Point limite et à l’Apocalypse now, l’histoire de ce continent reproduit en quelque sorte celle du monde et semble puiser dans les grands mythes universels dont le cinéma inévitablement constitue la caisse de résonance : l’émergence à partir d’un paradis vierge, où règne l’innocence ; la conquête de la terre promise, la socialisation de l’homme des bois et la sacralisation du territoire ; l’affirmation du pouvoir de l’individu, la naissance et les exploits du héros ; le surgissement des forces du mal et la menace d’une fin cataclysmique.

Une évolution qu'a su capter au travers de paysages le peintre Thomas Cole (1801-1848) dans sa série The Course of the Empire.

C'est cet imaginaire américain que, pour cette saison 2011-2012, à Angers, Cinélégende se propose d'explorer autour de quatre thèmes complémentaires et indissociables :

du 11 au 19 octobre
Le mythe du nouveau monde
La découverte du Nouveau Monde en 1492 répondait à une attente inconsciente, intimement ancrée dans les aspirations de l’Ancien Monde. C’était la réalisation concrète d’un mythe qui avait fleuri depuis l’Antiquité jusqu’à l’aube de la Renaissance : l’existence d’une terre paradisiaque par delà les mers, un monde d’innocence, une nature virginale et déifiée. Mais dès le début, le rêve fut brisé ; on entreprit de « civiliser » ces peuples que l’on avait idéalisés ; on remodela ces paysages idylliques ; on posa sur des bases rationnelles les fondations d’un monde nouveau. Le Paradis à nouveau était perdu.

du 13 au 16 décembre
L'Amérique sauvage
La civilisation états-unienne est fondamentalement marquée par le puritanisme de ses origines. Mais c’est au contact de l’homme « sauvage », et en le supplantant dans la brutalité, qu’elle s’est constituée. Dilemme qui, du western à la science-fiction, a imposé les thèmes du wilderness et de la « Frontière » : la crainte quasi métaphysique des espaces inconnus par-delà le territoire défriché, tout en engendrant un panthéon de figures mythiques dans lesquelles on peut reconnaître des modèles universels de la mythologie.

du 7 au 10 février
Le rêve américain
Les héros sont des êtres d’exception, désignés par le Destin. Ils se caractérisent par leurs exploits qui leur assurent gloire et pouvoir. Les récits mythiques les mettent en scène, et, même s’il leur arrive d’être « fatigués », c’est sur eux que repose la dramaturgie de bien des films. L’Amérique tout particulièrement célèbre le self-made man et lui consacre des success-stories qui voudraient nous faire croire que chacun de nous peut se voir désigné et obtenir son « quart d’heure de célébrité ». Tandis que les super-héros, engendrés par les temps de crise, se sont aujourd’hui imposés dans l’inconscient collectif.

du 3 au 6 avril
Le cauchemar américain
L’Amérique conquérante n’est pas venue à bout des peurs qui la taraudent. On y assiste régulièrement au réveil des monstres qui, tels les antiques dragons ou le moderne King Kong, remontent des profondeurs et viennent la narguer. Perpétuant l’immémorial combat entre les dieux et les démons, la raison et les forces obscures de l’inconscient, ils surgissent sur nos écrans, hantant de lointaines îles ou les espaces intergalactiques, les entrailles de la terre ou les fonds sous-marins, guettant leurs proies et déterminés à anéantir notre monde.